Elles reviennent à la maison…

Par Mireille Jaillet

Rebecca Contois. Mashkode Bizhiki’ikwe.  Marcedes Myran.  Morgan Beatrice Harris.

Prenons un moment pour réfléchir. Accordons à ces femmes un long moment de silence. Une par une, elles ont été retrouvées parmi des déchets. Abandonnées là par un lâche. Un homme faible qui a cru qu’elles étaient des proies faciles, quoiqu’il n’eût pas tout à fait tort. Toutefois, il a sous-estimé la détermination de leur famille, dont la résilience est inscrite dans leur ADN.

Lors de la Journée internationale des femmes, j’ai appris que, le 26 février 2025, les dépouilles de Morgan Harris et de Marcedes Myran (les deux dernières victimes du tueur en série de Winnipeg de 2022) avaient été retrouvées après des mois de recherche et des années de lutte contre les autorités locales et fédérales afin qu’elles enclenchent le processus de fouille.

À l’instant où j’ai lu l’article publié sur le site de nouvelles du Manitoba, intitulé Bulletin no 4 concernant la fouille du dépotoir de Prairie Green, qui confirmait la découverte de corps identifiés comme étant ceux de Morgan Harris et de Marcedes Myren, des larmes me brûlaient les yeux, et mon cœur s’est serré. Non pas parce que je connaissais les femmes en question, mais parce que je connaissais le vide laissé par leur disparition, ainsi que les familles et les communautés endeuillées qui ont été profondément touchées par ces drames. J’avais le cœur brisé en me rappelant à quel point ces familles se sont battues, comment elles ont refusé de baisser les bras, sachant au plus profond d’elles-mêmes qu’elles pouvaient les retrouver et qu’elles le feraient si seulement on leur en donnait l’occasion, et tandis qu’elles se heurtaient à des obstacles, à l’incrédulité et à la condescendance.

Ces familles sont demeurées résilientes, et cette résilience a été récompensée. Mais leur  victoire demeure tragique.

La mission, lancée par le gouvernement du Manitoba à la demande des familles de Morgan Harris et de Marcedes Myran, a été menée conjointement avec l’Assemblée des Chefs du Manitoba avec le soutien du gouvernement fédéral.

« Ils » ont dit que c’était impossible. « Ils » ont dit que ça ne valait pas la peine. « Ils » avaient tort.

Le retour de ces femmes disparues permettra à d’innombrables personnes de guérir. Non seulement les membres des familles qui ont ressenti ces pertes comme une blessure suppurante, mais aussi ceux qui n’ont jamais pu faire leur deuil. Et les femmes qui craignent de subir le même sort. C’est un pas en avant vers la valorisation des êtres humains par rapport au capitalisme. Un pas de plus pour honorer la vie plutôt que l’argent et la bureaucratie. S’il y a une leçon à tirer de cette histoire, c’est que la découverte de ces dépouilles justifie amplement la poursuite des fouilles dans les dépotoirs. Des ressources doivent être fournies afin de soutenir ces fouilles pour que le processus devienne plus facile, moins lourd et que des personnes qualifiées soient amenées à y déployer des efforts significatifs.

En ce qui concerne notre société, j’espère que cet événement permettra de lever les obstacles pour que des fouilles similaires soient menées dans tout le pays. Les FADA (Femmes autochtones disparues et assassinées) doivent être reconnues et valorisées. Toutes ces femmes disparues et assassinées devraient être reconnues et valorisées, recherchées et, espérons-le, retrouvées.

J’aimerais dire aux familles qui se sont battues avec acharnement pour obtenir non seulement justice pour Morgan et Marcedes, mais aussi la paix : nous sommes très fiers et fières de vous, et vous nous inspirez. Puissiez-vous trouver le réconfort et la guérison.

À Marcedes et Morgan : bienvenue chez vous.

Mireille Jaillet est la représentante nationale de l’équité pour les femmes, et est membre du groupe de travail Fouille la décharge.

Journée internationale des femmes

Par Mireille Jaillet

Nous rêvons d’un monde où nous valorisons et célébrons les différences 
Celles fondées non pas sur le genre, la race, la classe ou les défis   
Mais plutôt sur l’unicité, l’intégrité et les qualités qui caractérisent notre existence
Un monde où les gens peuvent atteindre leur plein potentiel et sont épanouis. 

Le 8 mars, la Journée internationale des femmes aura plus de cent ans.
Encore bien trop d’obstacles et de préjugés qui nous ralentissent demeurent
Tout comme plein de barrages, de défis et d’histoires à raconter, malheureusement. 
Au fil de la lutte, une par une, nous nous débarrasserons de nos chaînes, mes sœurs. 

Dans les pays les plus « démocratiques », les libertés sont étouffées. 
On abat les femmes et crée des orphelins au nom de valeurs et de croyances dépassées,    
Ou on les force à genoux à supplier: il ne faut surtout pas oublier
Ce jour nous appartient à toutes et à tous ceux qui célèbrent les femmes et leurs qualités.

Nous parlons de nos sœurs, de nos tantes, de nos filles, de nos mamans 
De nos tantes, de nos mentores et amies, 
Nous parlons de toutes ces femmes qui importent réellement. 
Nous pouvons briser les barrières, et enfin savourer les merveilles de notre monde… tous unis.

Mireille Jaillet est la représentante nationale de l’équité pour les femmes du SEN

Mois de l’histoire des Noirs – Les gens blessés blessent les gens : Mon parcours de l’apartheid en Afrique du Sud jusqu’à la guérison par le militantisme

En grandissant en Afrique du Sud, pendant l’apartheid, je ne me rendais pas compte que j’étais victime de discrimination. En tant que personne racisée, je croyais ce qu’on m’enseignait à l’école et ce que la société me disait : les colons européens avaient amené la civilisation en Afrique du Sud en 1652. En fait, c’était la première phrase de mon cahier d’histoire. J’ai accepté que j’appartenais à une race inférieure, que je méritais d’être séparé des Blancs, et que je n’avais pas la capacité intellectuelle pour étudier dans les établissements réservés aux « Blancs seulement ». Je ne me suis jamais demandé pourquoi je ne pouvais pas aspirer aux emplois réservés aux Blancs de l’Afrique du Sud. C’était ma réalité, et elle me semblait normale, jusqu’à ce que mon monde soit chamboulé par de simples vacances.

Lorsque j’avais 12 ans, mon père nous a amenés en vacances au Canada. C’était ma première expérience à l’extérieur de l’Afrique du Sud et la première fois que j’allais dans un pays où il n’y avait pas d’apartheid. J’avais hâte de voir la neige, de manger des pizzas et des hamburgers, de faire des choses que je ne voyais que dans les films, mais ce qui m’a le plus fasciné, c’était la gentillesse des gens. Pour la première fois, un Blanc m’avait souri et salué. J’ai eu tellement peur que je ne savais pas comment réagir. J’ai eu ma première véritable conversation avec un adolescent blanc et je me suis rapidement rendu compte que je n’étais pas inférieur. Pour la première fois de ma vie, j’ai ressenti ce qu’était être traité comme un être humain normal.

Lorsque je suis retourné en Afrique du Sud, j’étais changé. Je voyais et ressentais maintenant plus que jamais le poids de la discrimination. En colère et blessé, j’ai commencé à reconnaître chaque petite injustice que je subissais et à la remettre en question. Je me suis demandé pourquoi je n’avais pas le droit de manger dans certains restaurants, pourquoi les meilleures plages étaient réservées aux Blancs et pourquoi je devais marcher des kilomètres pour me rendre à une ligne de transport en commun pour « non-Blancs » qui ne pouvait pas entrer dans le centre‑ville, où les autobus réservés aux « Blancs seulement » étaient autorisés à entrer.

En grandissant, j’ai commencé à m’interroger sur les injustices plus larges de l’apartheid. Pourquoi les non‑Blancs étaient‑ils limités à certains emplois? Pourquoi n’avais‑je pas le droit de me présenter à des élections et de voter? Pourquoi devrais-je être emprisonné simplement pour avoir posé ces questions? Ma brève exposition à la vie au Canada avait rendu la vie en Afrique du Sud beaucoup plus difficile. Mais elle avait aussi fait naître en moi une passion pour les droits de la personne. Je savais que si je voulais défendre la justice sans la menace constante de l’emprisonnement, je devais retourner au Canada.

Lorsque j’ai fini par revenir au Canada, j’ai ressenti un sentiment de liberté difficile à décrire. Mon esprit était libéré des chaînes de l’apartheid. Je pouvais maintenant m’exprimer ouvertement et sans peur au sujet des atrocités de l’apartheid. Au début, raconter mes expériences m’a donné un sentiment de libération, mais au fil du temps, cela a laissé place à de la frustration. On m’a invité à parler dans des écoles secondaires, des universités et même des soupers de corps professoral. Les gens écoutaient, mais ils ne voulaient pas agir. J’avais l’impression que ma douleur était devenue comme un divertissement pour eux, et cela m’a profondément blessé. À cause de cette blessure, je suis devenu plus conflictuel et me suis rapidement retrouvé à participer à des débats enflammés avec des personnes qui minimisaient l’apartheid, le comparant à d’autres atrocités mondiales. Ce conflit s’est étendu jusqu’aux membres de ma famille et à mes amis, qui m’ont encouragé à aller chercher de l’aide.

Le counseling a été une révélation. Après avoir raconté les traumatismes que j’avais subis, j’ai reçu un diagnostic de trouble du stress post‑traumatique. C’est à ce moment-là que j’ai vraiment compris le sens de la phrase « Les gens blessés blessent les gens ». À cause de ma douleur non guérie, j’avais tendance à m’emporter contre les personnes qui se souciaient de moi. Je savais que je devais trouver un moyen de canaliser ma douleur pour en faire quelque chose de constructif, qui m’aiderait à cesser de blesser les autres… et moi‑même.

C’est alors que j’ai trouvé la guérison par le truchement du service aux autres. J’ai commencé à faire du bénévolat, en aidant les réfugiés au Canada à s’adapter à leur nouvelle vie. Je leur donnais des conseils en leur racontant mes expériences et la façon dont j’avais surmonté mon traumatisme. De plus, j’ai joué un rôle plus actif de défense des droits, agissant comme agent national aux droits de la personne pour les membres racisés du Syndicat des employées et employés nationaux. En aidant les autres à surmonter le traumatisme de la discrimination, j’ai trouvé la force de guérir mes propres blessures.

Aujourd’hui, je continue de me battre pour la justice, non pas par colère, mais par amour et par engagement profond à l’égard des droits de la personne. J’ai appris qu’il est possible de rompre le cycle de la douleur, non pas en le supprimant, mais en le transformant en action, en empathie et en prise de pouvoir. « Les gens blessés blessent les gens » est une vérité, mais son remède l’est tout autant : « Les gens guéris aident les gens à guérir ».

Sam Padayachee

Sam Padayachee est un ancien membre du SEN, maintenant retraité. Ses contributions au portefeuille des droits de la personne du SEN se poursuivent dans ses écrits.

Entente de règlement du recours collectif des FAC : c’est un début!

Récemment, la Cour fédérale du Canada a approuvé l’entente de règlement définitive du recours collectif concernant les membres des Forces armées canadiennes (FAC) qui ont été victimes de discrimination raciale au cours de leur service militaire. Bien que cela représente une victoire pour ces travailleuses et travailleurs, le gouvernement du Canada a encore beaucoup de travail à faire.

« C’est un pas dans la bonne direction, mais la lutte menée par ceux et celles qui ont subi du racisme au sein du gouvernement fédéral se poursuit », a affirmé la présidente nationale du SEN, Alisha Kang. « Au total, 45 000 fonctionnaires fédéraux passés et actuels de plus attendent que le gouvernement reconnaisse la discrimination qui dure depuis 50 ans. »

Lien — Déclaration du ministre de la Défense nationale concernant l’entente de règlement du recours collectif sur le racisme systémique dans les Forces armées canadiennes

Français – https://www.canada.ca/fr/ministere-defense-nationale/nouvelles/2025/01/declaration-du-ministre-de-la-defense-nationale-concernant-lentente-de-reglement-du-recours-collectif-sur-le-racisme-systemique-dans-les-forces-arm.html

Anglais – https://www.canada.ca/en/department-national-defence/news/2025/01/statement-by-the-minister-of-national-defence-on-the-settlement-of-the-canadian-armed-forces-systemic-racism-class-action.html

Le journal de MJ – Groupe de travail #Fouilleladécharge

<< Veuillez faire défiler vers le bas pour voir le diaporama de notre voyage ! >>

Vendredi 27 décembre 2024

C’est parti! La première étape de mon voyage commence ici, à Moncton, au Nouveau−Brunswick; je ferai escale à Montréal, puis j’arriverai à Winnipeg, où je rejoindrai Ruby Langan et Lenora Maracle pour cette incroyable expérience.

Le but du voyage est de rendre hommage aux femmes et aux filles autochtones disparues et assassinées, de tisser des liens avec les collectivités autochtones et de mieux comprendre les défis auxquels sont exposées les femmes autochtones à Winnipeg.

On m’a invitée à participer à ce voyage inspirant en tant que représentante nationale de l’équité pour les femmes du SEN, et c’est avec fierté et enthousiasme que je me joins à ce groupe de travail.

Nous nous engageons à vous communiquer tout ce que nous apprendrons!

XO

***

J’ai dormi pendant tout le trajet jusqu’à Montréal. C’est comme si mon corps était conscient de la lourdeur à venir et qu’il se préparait à l’affronter. Pendant que je me ravitaille au Pork and Pickle de l’aéroport, j’ai l’impression que je dormirai aussi pendant mon prochain vol.

Comme je vis avec une douleur chronique quotidienne, ces pérégrinations ne sont pas faciles pour moi, mais rien ne m’empêchera d’y participer.

Samedi 28 décembre 2024

Malheureusement, l’avion de Ruby a été retardé. Elle est arrivée à l’hôtel aux petites heures du matin, et nous commencerons donc notre journée plus tard.

Aujourd’hui, nous prévoyons rencontrer des personnes intéressantes pour le dîner à La Fourche, avant de nous rendre au site commémoratif des femmes autochtones disparues ou assassinées. Je pense que la préparation est capitale. Même si je me réjouis à l’idée de ce qui s’en vient, je sais que cet apprentissage sera chargé d’émotions et que le sujet sera très sensible et très lourd. Nous sommes ici pour honorer, respecter et apprendre.

Je m’en vais de ce pas rencontrer Lenora pour le déjeuner. Que les rencontres commencent.

***

Notre consœur syndicale Frances nous a rejointes, Lenora et moi, et nous nous asseyons toutes les trois en cercle pour préparer des paquets de tabac sacré enroulés de tissus rouges, que nous offrirons aujourd’hui et demain. Après l’arrivée de Ruby, nous allons à la rencontre de l’Aînée du Manitoba Barbara Nepinak. Nous dînons ensemble, puis Barbara nous fait visiter le Musée canadien pour les droits de la personne. Nous y voyons de nombreuses expositions abordant plusieurs thèmes, comme la Couverture des témoins, La force du nombre, les Perspectives autochtones, la Protection des droits de la personne, et nous pouvons suivre l’évolution du cadre juridique du Canada, comme la primauté de l’obligation de prendre des mesures d’adaptation, dans l’affaire Tawney Meiorin, les tournants de l’humanité, et j’en passe. On pourrait facilement passer des jours dans ce musée, qui montre avec talent les atrocités vécues, les batailles menées, les guerres et les luttes, tout ce qui a contribué aux gains au chapitre des droits de la personne dont nous jouissons aujourd’hui. Une chose est claire : il reste beaucoup de travail à faire.

Le musée montre que la campagne #Fouille la décharge a gagné du terrain et qu’il a été possible de circonscrire la zone où les dépouilles des victimes pourraient être découvertes. Le fait que des dépouilles ont été récemment trouvées à la décharge de la Saskatchewan donne tout particulièrement du poids à la nécessité de fouiller la décharge de Prairie Green, et surtout, d’accepter que ces fouilles sont nécessaires, peu importe l’endroit d’où l’on vient, la couleur de notre peau, notre situation économique… Les familles ont besoin de tourner la page. Tout le monde mérite le même niveau d’attention et de réflexion.

Je me sens dépassée et je dois quitter cet espace. La chaleur et la nausée me submergent, et j’ai besoin de prendre l’air. Nous profitons de l’occasion pour nous promener dans le parc de La Fourche, admirant sa beauté, ses lumières scintillantes et les sculptures et parcourir les lieux sacrés comme le Cercle de célébration Oodena et le site commémoratif des femmes autochtones disparues et assassinées. Nous nous arrêtons ici pour faire une prière une prière, une purification et une offrande de tabac, près des empreintes de mains rouges peintes sur les pierres arrondies, ce qui a alourdi l’atmosphère déjà chargée.

Dernier arrêt du jour au marché de La Fourche, où nous entrons dans quelques boutiques, dont les boutiques autochtones Teekca et Manitobah. Je suis la fière nouvelle propriétaire de bottes d’hiver, de sauge de buffle, d’œuvres d’art et d’un bracelet que je prévois donner à ma fille lorsque je rentrerai à la maison.

***

Assise dans ma chambre d’hôtel, tranquille et seule, je ressens le poids de cette journée, mais je suis aussi imprégnée d’un espoir et d’un objectif renouvelés. Aujourd’hui a été une journée d’apprentissage profonde et enrichissante.

Dimanche 29 décembre 2024

Préparatifs en vue de la deuxième journée de la mission du groupe de travail. Nous prévoyons aujourd’hui aller au dépotoir de Prairie Green, visiter le pavillon de ressourcement et voir la peinture murale qui commémore les femmes autochtones disparues ou assassinées. Si le temps le permet, nous visiterons peut-être un refuge pour femmes. Je me sens très enthousiaste aujourd’hui, mais mon cœur est toujours lourd. Il me faut prendre de grandes respirations.

***

Nous commençons la journée en faisant des achats de fournitures, que nous donnerons aux sans-abris pendant de nous marcherons avec la patrouille Morgan’s Warriors. Prochain arrêt : la peinture murale qui commémore les femmes et les filles autochtones disparues ou assassinées, une peinture haute d’une quinzaine d’étages qui représente une femme autochtone en tenue de cérémonie tenant une plume haut dans les airs, une pleine lune en arrière-plan. L’artiste, Jeannie White Bird, membre de la Première Nation de Rolling River, a intitulé sa murale Giizaagiigo, un mot anishinaabemowin qui signifie « tu es aimée ». Émerveillées par la beauté majestueuse du site, Ruby, Lenora, Frances et moi faisons sur place une purification et une prière et offrons du tabac sacré.

Nous prenons ensuite la route jusqu’à la décharge de Stony Mountain, en bordure de Winnipeg. Nous traversons des prairies (c’est la première fois que j’en vois!) avant d’emprunter une longue route qui nous amène jusqu’au pavillon de ressourcement, qui est malheureusement fermé et n’ouvrira pas avant la nouvelle année. Malgré tout, nous faisons une purification et une prière et offrons du tabac sacré. Le pavillon de ressourcement situé juste en face de la décharge est un espace dédié aux familles en deuil de leurs chers disparus. La grand-mère endeuillée d’une victime du tueur en série dit que, grâce au pavillon de ressourcement, elle restera « proche de ma fille… ainsi, je peux rester tout près et surveiller ce qui se passe ». C’est aussi un endroit où les chercheurs peuvent manger et se reposer pendant leur travail.

Sur le chemin du retour, nous visitons un endroit spécial appelé Maison Soleil. Il s’agit d’un centre d’accueil et de ressources qui se concentre sur la réduction des méfaits et l’inclusion sociale. C’est un lieu sûr, où les gens peuvent s’arrêter et se réchauffer, casser la croûte, se changer, prendre une douche, etc. On y offre des tests rapides pour les ITS. Le centre alerte la communauté lorsqu’il est mis au courant de la circulation de drogues dangereuses, et il offre de nombreux autres programmes. Il met l’accent sur les communautés 2ELGBTQIA+ et sur les communautés autochtones, mais il est ouvert à tous. Il comprend également un site mobile de prévention des surdoses pour les personnes aux prises avec des dépendances. Nous avons demandé à ses représentants comment nous, en tant que syndicat et militants, pouvons apprendre d’eux et ce que nous pouvons faire pour eux, et nous avons prévu faire un suivi en juin prochain. Si tout va bien, nous pourrons faire une deuxième visite du site.

Pour le souper, nous nous arrêtons dans le fantastique petit restaurant appelé Manoomin, situé à l’intérieur de l’hôtel Wyndham Garden, qui appartient à des Autochtones et se trouve sur le territoire de la Première Nation de Long Plain. Le repas est incroyable. Je goûte pour la première fois de ma vie à la viande de bison, qui est délicieuse. Pendant notre repas, nous discutons de l’importance des entreprises autochtones et de la nécessité de continuer de les soutenir ainsi que de la façon de le faire. Ruby, Lenora, Frances et moi nous envisageons de rédiger une résolution visant à utiliser les entreprises autochtones à titre exceptionnel au moment d’investir dans les entreprises syndicales. Ce serait un bon début. Cela s’ajouterait à la mission de notre groupe de travail.

Le corps nourri et réchauffé, nous sommes prêtes à rencontrer la patrouille Morgan’s Warriors. Il s’agit d’un groupe de sensibilisation dirigé par des femmes autochtones, fondé par Melissa Robinson et Elle Harris pour honorer la mémoire de Morgan Harris (l’une des victimes du tueur en série de Winnipeg, dont on croit que la dépouille pourrait se trouver dans la décharge de Prairie Green). Ce groupe de bénévoles prend racine dans l’amour et un engagement profond à l’égard de l’héritage de Morgan, et il cherche à répondre aux besoins non satisfaits que Morgan avait lorsqu’elle vivait dans les rues de Winnipeg. En plus de distribuer des aliments et des vêtements chauds aux personnes itinérantes, les guerrières cherchent les aiguilles souillées et s’en débarrassent et fouillent les maisons abandonnées pour s’assurer qu’il ne s’y trouve personne en situation de détresse. Elles sont également formées pour administrer de la naloxone. Nous leur donnons des mouchoirs de papier, des lingettes nettoyantes, des produits d’hygiène féminine et des cartes-cadeaux de Tim Horton’s ainsi que des vêtements chauds. Comme Melissa et son époux Chris participent aux fouilles de la décharge de Prairie Green, nous avons pu en apprendre plus sur les défis que cela représente et sur les progrès réalisés. Ce sont des personnes incroyables qui font des choses incroyables.

Malheureusement, j’ai dû partir avant mes consœurs (Frances et Ruby) parce que j’avais un vol à prendre tôt le lendemain matin. La soirée restera à jamais gravée dans mes pensées.

Lundi 30 décembre 2024

Je me suis levée ce matin à 4 h 30. L’avion doit décoller à 7 h. Si tout va bien, je devrais arriver à la maison à l’heure du souper.

Je me sens choyée et reconnaissante pour ces derniers jours. Je me sens aussi très privilégiée de vivre la vie que je vis et d’avoir la tribune qui m’a été donnée. Le travail ne fait que commencer.

Félicitations Hayley!

Le jeudi 12 décembre 2024, la vice-présidente exécutive nationale du SEN, Hayley Millington, a été récompensée pour son travail auprès du Comité d’action des membres raciaux visibles (CAMRV) de l’AFPC dans la région de la capitale nationale.

Hayley est coprésidente du Comité aux côtés de Carl Laguerre en 2014-2015 et, au fil des ans, elle a continué d’y participer et d’être un mentor pour les autres.

« Je suis très satisfaite du travail accompli et des conversations que nous avons eues au sein de ce comité, a dit madame Millington. Je me suis toujours sentie à l’aise ici, et je suis honorée d’être reconnue par un groupe si extraordinaire de militants. »

À la réunion de jeudi, nous avons célébré la Journée des droits de l’homme (le 10 décembre) et reçu divers invités et artistes; nous avons tous également très bien mangé.

Le Comité d’action des membres raciaux visibles (CAMRV) est composé de membres de l’Alliance de la Fonction publique du Canada (AFPC) qui font partie des minorités visibles et qui se sont regroupés pour se concentrer sur l’élimination du racisme et pour assurer la mise en place d’un système exempt de discrimination qui tend énergiquement vers la justice et le respect mutuel

Journée internationale des droits de l’homme (INCONSCIENCE)

J’ai demandé à quelques personnes ce que signifiait à leurs yeux la Journée internationale des droits de l’homme.

Journée internationale des droits de l’homme
(INCONSCIENCE)

demandez aux gens ce que ça signifie
je me demande ce qu’ils diraient?
est-ce qu’ils sauraient,
ou comprendraient?
que ce n’est qu’un jour parmi tant d’autres?

Inconscients du privilège dont nous jouissons,
Papillonnant d’une chose à l’autre avec abandon.
Aucun souci duquel s’inquiéter,
C’est bien notre impression.
Les besoins fondamentaux tous comblés.

Il s’en trouve qui ne savent rien de cela;
Eux aussi inconscients du privilège.
Tout concentrés sur leurs besoins fondamentaux.
Que leur faudra-t-il aujourd’hui?
Que devront-ils faire?

Ils ont droit à la vie,
Mais leur sécurité est menacée.
Ils ont droit à la dignité,
Mais obtiennent rarement les nécessités.
Trop de leurs droits ne sont qu’utopie,
il est futile d’y gaspiller son énergie.
Ils se concentrent sur les nécessités,
Ce à quoi se réduit leur vie.

les droits de la personne
que sont-ils?
tous y ont-ils droit?
sont-ils offerts?
sont-ils octroyés?
est-ce quelque chose qu’on peut accorder?
Alors en vertu de quel pouvoir sont-ils si souvent refusés,
À tant de gens dérobés?

non, je pose la question, vraiment.
que sont-ils?
j’aimerais le savoir, vraiment.

Michael Freeman
Vice-président national aux droits de la personne du SEN

6 décembre : Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes

Le 6 décembre 1989, 14 jeunes femmes de Polytechnique Montréal ont été massacrées dans un acte de misogynie violente. En 1991, le Parlement a institué ce jour de deuil (le 6 décembre) comme Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes, connue familièrement sous le nom de Journée du ruban blanc.

En ce jour, nous nous souvenons et prenons un moment pour honorer celles qui ont perdu la vie à cause de la violence fondée sur le genre :

  • Geneviève Bergeron
  • Hélène Colgan
  • Nathalie Croteau
  • Barbara Daigneault
  • Anne-Marie Edward
  • Maud Haviernick
  • Maryse Laganière
  • Maryse Leclair
  • Anne-Marie Lemay
  • Sonia Pelletier
  • Michèle Richard
  • Annie St-Arneault
  • Annie Turcotte
  • Barbara Klucznik-Widajewicz

La violence sexiste reste répandue dans le monde entier. Le dernier rapport de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime et d’ONU Femmes montre que le féminicide est en hausse dans le monde entier. Ce type de violence touche de manière disproportionnée les personnes soumises à de multiples formes d’oppression. Par exemple, les femmes autochtones sont six fois plus à risque d’être assassinées que les femmes non autochtones.

Il reste encore beaucoup à faire pour prévenir la violence envers les femmes, arrêter son escalade, fournir des services adéquats aux survivantes et punir les auteurs de tels actes.

Ce que vous pouvez faire :

  • Portez un ruban blanc
  • Observez une minute de silence à 11 h
  • Assistez à une veillée dans votre collectivité
  • Partagez une publication sur la Journée nationale de commémoration
  • Participez aux 16 jours d’activisme contre la violence fondée sur le genre (du 25 novembre au 10 décembre) et utilisez le mot-clic #16Jours
    • Mettre fin à l’impunité en tenant les auteurs d’actes de violence responsables et en établissant une tolérance zéro à l’égard de la violence contre les femmes et les filles
    • Adopter, mettre en œuvre et financer des plans d’action nationaux pour mettre fin à la violence contre les femmes et les filles
    • Investir dans les organisations de prévention et de défense des droits des femmes pour garantir les droits et l’accès aux services essentiels des survivantes
  • Apprenez-en plus au sujet de la violence fondée sur le genre :
    • Assister à un événement dans votre collectivité pour montrer votre soutien aux victimes et aux survivantes
    • Envisager de faire un don à un refuge local

C’est une journée de réflexion sur la violence faite aux femmes dans notre société. C’est une journée au cours de laquelle les communautés et les gens peuvent se rassembler, s’exprimer et agir pour éliminer toutes les formes de violence contre les femmes et les filles. Nous devons rester engagé×e×s en faveur d’un avenir sans violence contre les femmes.

Mireille Jaillet
Représentante nationale de l’équité pour les femmes du SEN

Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes

Par Mireille Jaillet

Une femme est tuée toutes les dix minutes, quelle honte!
C’est la réalité de notre monde, qui blâmer au bout du compte?
La violence faite aux femmes et aux filles partout s’accroît
Trop d’entre elles sont muettes, réduites au silence, cachant leur désarroi.

Le 25 novembre – Une journée à commémorer et à se remémorer
Trois sœurs Mirabal assassinées par un dictateur abhorré.
Comme tant d’autres, elles ne jouissaient d’aucune protection.
Aucune protection pour les filles forcées à subir une excision.

Ou même pour celles violentées par leur partenaire intime.
Comme si elles n’ont aucune valeur, qu’elles ne font jamais rien de légitime.
La violence et le harcèlement sexuels sont un problème omniprésent.
Comme la traite de personnes, un foutu cauchemar effrayant.

Que dire de toute cette violence innommable.
Sinon qu’elle est tout simplement impardonnable.
Comment pouvons-nous lutter contre la violence faite aux femmes et aux filles?
En leur offrant partout un meilleur accès à plus qu’une éducation de pacotille.

Nous pouvons fournir des fonds, donner à ces femmes accès à du capital
Leur permettre de s’émanciper et de sortir de ce périple létal.
Les faire participer à la prise de décisions, leur offrir une place à la table
Mobiliser nos alliés pour les soutenir et rendre tout obstacle surmontable

Il faut parler haut et fort, tendre la main, agir et faire ce qu’il faut d’ailleurs
Pour qu’ensemble nous bâtissions un monde bien plus juste et meilleur.

Mireille Jaillet est la représentante nationale du SEN de l’équité pour les femmes

Journée du souvenir trans

Par Danielle Palmer

La Journée du souvenir trans est le 20 novembre 2024. C’est une tradition annuelle qui a été créée en 1999 par la militante transgenre Gwendolyn Ann Smith. Il s’agit d’une veillée ayant pour but d’honorer le souvenir des personnes transgenres perdues aux mains de la violence transphobe. Cette veillée annuelle a été instaurée à la suite du meurtre de Rita Hester, une femme transgenre noire assassinée en 1998.

« La Journée du souvenir trans a pour but de souligner les pertes que nous avons subies en raison de l’intolérance et de la violence transphobes. Je sais ce que c’est de devoir lutter pour nos droits, d’abord et avant tout le droit d’exister, tout simplement. Devant ceux et celles qui cherchent à effacer les personnes trans – parfois de la manière la plus brutale imaginable –, il est d’une importance vitale de se souvenir de ceux et celles que nous avons perdu∙e∙s et de continuer notre lutte pour la justice. »

– Gwendolyn Ann Smith, fondatrice de la Journée du souvenir trans

(lien vers l’article (disponible uniquement en anglais) : https://www.huffpost.com/entry/transgender-day-of-remembrance-why-we-remember_b_2166234)

Avec la montée de la haine anti-trans et l’augmentation du nombre de mesures législatives transphobes qui sont adoptées, il est important d’être là pour nos ami∙e∙s, notre famille, nos collègues et nos compatriotes qui font partie de la communauté 2ELGBTQ+. S’il vous plaît, prenez le temps de trouver à un événement de la Journée du souvenir trans dans votre communauté le 20 novembre et d’y assister. Votre solidarité et votre soutien sont nécessaires.

Vous pouvez également souligner la Journée du souvenir trans en faisant ce qui suit :

  1. Assister à des événements : Assistez à des rassemblements locaux pour la Journée du souvenir trans, à des veillées à la chandelle et à des mémoriaux. C’est une manière d’être solidaire avec la communauté transgenre, de se souvenir de ceux et celles que nous avons perdu∙e∙s. Prenez part aux événements locaux de la Fierté pendant toute l’année !
  2. Partager des témoignages de personnes transgenres : Que ce soit un témoignage personnel ou une histoire qui vous a touché∙e, partagez des expériences qui mettent en lumière les difficultés subies par les personnes transgenres et la raison pour laquelle l’acceptation est réellement essentielle.
  3. Soutenir des organisations transgenres : Si vous êtes en mesure de le faire, venez en aide aux groupes fournissant des services essentiels comme des soins de santé, un soutien en santé mentale et la défense des droits des personnes transgenres. Chaque contribution compte.
  4. S’exprimer en faveur du changement : Défendez des politiques qui protègent les personnes transgenres contre la discrimination et qui promeuvent la sécurité et l’inclusion.
  5. Exalter les voix transgenres : Utilisez vos réseaux sociaux ou toute autre plateforme pour amplifier les voix des militant∙e∙s et défenseur∙e∙s des droits transgenres. La diffusion de leur travail et de leurs perspectives peut réellement avoir un impact.
  6. Apprendre et s’éduquer : Continuez à vous instruire sur les questions et termes transgenres et sur la manière dont nous pouvons respecter et soutenir l’identité de genre d’autrui et encourager les autres à faire de même.

Danielle Palmer est la représentante nationale du SEN de l’équité pour les personnes 2SLGBTQ+.