Monsieur Brison, Passeport Canada n’est PAS Amazon.

Monsieur,

Lors de la récente conférence inaugurale FWD50 de 2017, vous avez été invité à prendre la parole au sujet de la numérisation dans tous les ordres de gouvernement, le secteur privé, les ONG et le milieu universitaire. Vous avez parlé du désir de changer les choses et d’avoir une incidence qui permet de fournir de « meilleurs » services aux Canadiens.

Vous avez notamment affirmé que « les Canadiens ne comprennent pas pourquoi ils ne peuvent pas avoir le même niveau de service de leur gouvernement quand ils renouvellent leur passeport que lorsqu’ils passent une commande sur Amazon ».

La comparaison d’Amazon, site Web de magasinage en ligne, et du Programme de passeport canadien est préoccupante pour de multiples raisons.

D’abord, Amazon fait actuellement l’objet de nombreuses allégations de conditions de travail et de salaires malhonnêtes. On a signalé que les employés sont soumis à des objectifs impossibles, que leurs pauses pour aller à la toilette sont chronométrées et que leur milieu de travail est peu sécuritaire et sale.

Ensuite, il est possible que les Canadiens accordent de l’importance à la commodité, mais il est évident qu’ils ont aussi à cœur leur sécurité. Ils attachent de l’importance aux droits des travailleurs prévus par la loi ainsi qu’à la réputation et aux relations excellentes de notre pays au sein de la communauté internationale. Ils tiennent au document de voyage et d’identité, universellement accepté, qui est considéré comme un des plus sécuritaires et des plus respectés dans le monde.

Dans l’avenir, on voudra peut-être obtenir l’accès à des services numériques gouvernementaux de calibre mondial, mais, avant qu’on puisse le faire, le gouvernement doit s’assurer que la sécurité est à l’avant-plan. En ce qui concerne le Programme de passeport, il est nécessaire d’explorer les questions en suspens qui ont été sous estimées depuis que les services de passeport ont été transférés à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada et à Services Canada en 2013.

Dans le sens des services numériques, un des arguments fournis pour la dissolution de Passeport Canada était la modernisation de la plateforme de délivrance et le remplacement du système de traitement existant, mesures qui permettraient d’améliorer le processus de présentation d’une demande de passeport pour les Canadiens. Le Système mondial de gestion des cas (SMGC) de l’immigration devait constituer le fondement d’améliorations importantes des services électroniques destinés aux Canadiens.

De 2013 à 2016, on a consacré, en vain, énormément de temps et de ressources pour essayer d’atteindre cet objectif du SMGC. Le SMGC ne pouvait gérer le volume et la vitesse nécessaires pour traiter les 5,1 millions de passeports produits annuellement, quantité qui augmente de façon constante. Les responsables du programme ont omis de prendre en considération les précautions de sécurité durant la mise en œuvre du système en direct et, par conséquent, celui-ci a été suspendu et a fait l’objet d’une vérification.

Par ailleurs, en avril 2017, les ministères ont autorisé le déclassement des cotes de sécurité de niveau « Secret », qui sont passées au niveau « fiabilité de base » pour l’ensemble des employés au Canada. On l’a fait sans en aviser le public et sans consulter le Syndicat des employées et employés nationaux. Cette pratique semble contredire les politiques et les ententes gouvernement en matière de sécurité ainsi qu’un rapport de 2005 de la vérificatrice générale.

Les employés du Programme de passeport sont fiers de créer le document d’identification canadien le plus utile de tous qui sert de preuve de l’identité et de la nationalité du titulaire à l’extérieur du Canada. On peut supposer que les Canadiens veulent s’assurer que leurs renseignements personnels sont protégés et que la délivrance des passeports n’est pas confiée à des intérêts adversaires.

Je vous demande de porter attention aux questions soulevées dans ma lettre, et je demande aussi des excuses publiques et la reconnaissance du travail acharné que les employés du Programme de passeport font pour servir le public canadien chaque jour.

Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de mes salutations distinguées.

Kevin King
Président national
Syndicat des employées et employés nationaux