Mois de l’histoire des Noirs

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Par Céline Ahodékon

D’un bout à l’autre du Canada, nous apercevons des Canadiens d’origine africaine. Néanmoins, pour une raison qui m’échappe, la façon dont certains sont arrivés n’est pas tout à fait claire – ou plutôt personne n’en parle. Pire encore, très peu de livres d’histoire canadiens nous renseignent à ce sujet.

Durant mes premières années au Canada, lorsque je demandais aux personnes de ma couleur d’où elles venaient, leurs réponses me surprenaient. Je m’attendais à ce qu’elles me répondent qu’elles venaient du Bénin, du Rwanda, du Kenya ou du moins de « quelque part en Afrique ». À ma grande surprise, certaines personnes m’ont répondu qu’elles venaient « du Canada ». Le lien de certains Canadiens d’origine africaine avec le Canada est passé sous silence. Pour certains Canadiens d’origine africaine, le Canada est leur seule patrie. Pour d’autres néanmoins, le Canada est leur terre d’adoption; ils sont immigrants dans ce pays.

Quoi qu’il en soit, l’endroit d’où nous venons ou qui est arrivé en premier est sans importance. Ce qui est important – que nous soyons Canadiens d’origine africaine ou Afro-Canadiens – c’est que notre point commun est le continent natal : l’Afrique. Comme toutes les autres communautés au Canada, les personnes d’origine africaine, aujourd’hui comme hier, doivent lutter pour les droits de la personne. Toutefois, comme le veut l’adage, peu importe comment vous commencez la course, l’important c’est de la terminer. Les personnes d’origine africaine ont apporté – et continuent d’apporter – une contribution importante au Canada. Elles se sont affirmées en tant que leaders communautaires et politiques au Canada. Cet article est trop court pour pouvoir tous les mentionner, mais un nom en particulier nous donne toutes les raisons de célébrer le Mois de l’histoire des Noirs : le gouverneur Douglas. À vrai dire, célébrer le Mois de l’histoire des Noirs sur la côte Ouest sans rendre hommage au gouverneur James Douglas, père et fondateur de la Colombie-Britannique, serait un peu comme confectionner une tarte à la rhubarbe sans sucre : une recette plutôt incongrue!

Du haut de ses six pieds, courageux et ambitieux, Douglas « le Noir », (comme on l’appelait à Fort Vancouver, Washington), est né en Guyane britannique. Il était né d’une mère africaine créole de la Barbade et d’un père écossais. Employé de longue date de la Compagnie de la Baie d’Hudson, James Douglas commença sa carrière en tant qu’apprenti et gravit les échelons : d’affactureur principal à directeur, pour finir gouverneur de la Colombie-Britannique.

En dépit des nombreux défis auxquels James Douglas a dû faire face, il n’abandonna jamais. Déterminé, il se montra fort et solide malgré les épreuves et les dangers qui surgirent dans la foulée de l’arrivée de milliers de chercheurs d’or venus de Californie.

Comme le disait souvent James Douglas à propos de lui-même : « Ce sont les hommes vaillants, déterminés, forts et autonomes qui franchissent chaque obstacle et gagnent la confiance et le respect de leurs semblables. Il en est de même pour les hommes comme pour les nations. » Pendant la ruée vers l’or de 1858, M. Douglas affirma la souveraineté britannique sur le continent et à Victoria en imposant la loi et l’ordre britanniques. Il exerça son autorité et démontra sa loyauté envers l’Empire britannique, et créa la colonie de la Colombie-Britannique. Il devint gouverneur de la nouvelle colonie la même année.

La sensibilité de James Douglas à l’égard de ses pairs lui a permis de déclencher la première grande vague d’immigration, en Colombie-Britannique, de personnes noires issues de la Californie à la recherche d’une vie meilleure.

« Malgré la forte discrimination dont ils faisaient l’objet, ces pionniers enrichirent la vie politique, religieuse et économique de la colonie. »

Ils formèrent même l’une des premières unités de milice : la Victoria Pioneer Rifle, également connue sous le nom African Rifles.

Aucun autre homme n’aura influé autant sur l’histoire de la Colombie-Britannique que James Douglas. Comme l’évêque le faisait remarquer le jour de ses funérailles en 1877, « James Douglas était la bonne personne et il s’est trouvé au bon endroit, au bon moment ».

Si James Douglas n’avait pas vécu et ne s’était pas montré ferme dans le but d’empêcher une prise de contrôle par les Américains, il est tout à fait probable que la Colombie-Britannique n’existerait pas aujourd’hui. James Douglas n’est plus là, mais son héritage demeure à jamais! Un grand nombre de routes, de ports, de baies et de sommets en Colombie-Britannique portent son nom aujourd’hui.

Mes confrères et consœurs, ceci n’est qu’un exemple parmi tant d’autres des contributions apportées par d’éminents Canadiens d’origine africaine à notre société. Il en existe bien d’autres, passés et présents, qui ont changé le paysage canadien. Le Mois de l’histoire des Noirs est l’occasion de communiquer les expériences et les contributions à la société des Canadiens d’origine africaine et d’en apprendre davantage à ce sujet. Bâtissons une communauté meilleure et des lieux de travail plus riches en nous soutenant les uns les autres et en nous faisant découvrir mutuellement des événements et des gens que nous ne connaissons pas. Déguster de la nourriture épicée, écouter de la belle musique africaine et des Caraïbes et apprendre quelques pas de Zumba ne sont que quelques exemples de ce que vous pouvez faire!

Céline Ahodékon est représentante nationale de l’équité pour les membres de minorités visibles. Cet article a été rédigé dans le cadre du programme de journalisme syndical du Syndicat. Pour obtenir de plus amples renseignements, cliquez ici – si vous souhaitez présenter une histoire ou poser des questions, veuillez envoyer un courriel à communications@une-sen.org.