La guérison, ça s’apprend

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Le mois dernier, Ruby Langan organisait un atelier d’écriture sur le thème de la sensibilisation et de la guérison des Autochtones. À titre de représentante nationale de l’équité du SEN pour les Autochtones, Mme Langan a affirmé que les participants à cet atelier avaient manifesté un éventail d’intérêts très large.

« Mon intention était d’inciter les gens à écrire et de mieux les sensibiliser à la question de l’application des droits de la personne aux Autochtones, a-t-elle déclaré. Je crois que le processus d’écriture est un bon moyen d’amorcer une guérison, qui est un volet très important de ce que j’essaie de réaliser. »

Cet atelier a principalement attiré des Autochtones de la région de Vancouver. Mme Langan a déclaré qu’ils étaient nombreux à hésiter à prendre la plume. Les participants ont pu compter sur un environnement sûr, accueillant et simulant de même que sur des commentaires constructifs.

Le système des pensionnats et foyers d’accueil a causé un tort indicible aux liens entre les membres des Premières nations et leur culture.

« Les liens culturels ont été brisés, et les gens essaient aujourd’hui de les rétablir », ajoute Mme Langan.

Il a aussi été question, pendant cet événement, du cheminement individuel vers la guérison, de la question de l’eau potable, des droits de la personne, du mariage dans les sociétés autochtones traditionnelles et de la protection de l’environnement.

« J’ai été stupéfiée de constater que les participants à l’atelier manifestent un si grand éventail d’intérêts et aient une expertise si diversifiée. »

« Le processus de guérison pourrait être bénéfique à un grand nombre d’entre nous, conclut Mme Langan. J’ai entamé mon cheminement vers la guérison. Ne sommes-nous pas tous en chemin vers la guérison? »

« Les relations entre le Canada les Premières nations évoluent constamment. Nous pourrions jumeler les apprenants et les enseignants et renforcer les capacités de nos membres, Autochtones ou non. »

À peu près en même temps, le bureau régional de l’AFPC au Québec organisait une séance de formation de deux jours portant sur les questions autochtones. Julie Dubois, vice-présidente régionale adjointe au Québec, attendait avec impatience cette séance.

« Étant une jeune femme d’origine autochtone, j’ai une immense soif d’en apprendre davantage sur les réalités de nos peuples autochtones du Canada, explique Mme Dubois. Il est important pour moi de déboulonner les mythes à propos des peuples autochtones. »

Mme Dubois a souligné que la plupart des gens ne connaissent que très peu les collectivités autochtones et ne peuvent compter que sur la désinformation des médias.

Magali Picard, vice-présidente exécutive régionale de l’AFPC au Québec a sauté sur l’occasion pour prononcer un discours qui a renversé le public.

« C’est à croire que ces mots sortent en flèches de feu, cette énergie complètement hypnotisant et son charisme à faire chavirer tout ennemi confondu », a déclaré Mme Dubois.

Il a fréquemment été question, dans ce cadre, du mouvement Idle No More et de ce que ses alliés peuvent faire pour soutenir sa cause. Les participants ont même eu droit à une vidéo qui plaçait sous les feux des projecteurs les cofondatrices de la branche québécoise de ce mouvement.

Autre beau moment à souligner : le témoignage vibrant de Viviane Michel, qui dirige l’organisme Quebec Native Women Inc. Mme Michel a parlé des différents défis auxquels se butent les femmes autochtones, par exemple le manque de ressources, la précarité financière, la responsabilité d’une famille monoparentale et les obstacles linguistiques.

Le nombre effarant de femmes autochtones disparues ou assassinées a été un autre important sujet. Mme Michel a d’ailleurs profité de l’occasion pour rappeler qu’un nombre tout aussi effarant d’hommes autochtones sont déclarés disparus. Récemment, le magazine électronique VICE rapportait que la journaliste Jen MtPleasant, membre des Six nations, avait compilé une base de données comportant le nom de plus de 600 hommes autochtones déclarés disparus ou assassinés au Canada.

On estime que le nombre de femmes autochtones disparues ou assassinées s’établit entre 600 et 4 000. Cet écart est lui-même une indication du problème systémique de la collecte de données par catégorie raciale que font les organismes de l’application de la loi.

Pour terminer, Mme Dubois affirme qu’après cette séance de formation, elle envisageait d’une tout autre manière la solidarité autochtone. Désirant faire part de son expérience, elle a rédigé un compte rendu de deux pages qu’elle veut diffuser dans toute sa région.

« J’ai bu de cette eau qui a étanché cette soif du savoir. Je peux vous dire, qu’aujourd’hui en écrivant ces mots, que j’ai à nouveau cet ardent besoin d’en découvrir davantage qui coule bel et bien dans mes veines. »