Biorisque en milieu de travail

Imaginez votre lieu de travail mis en quarantaine. Une équipe d’intervention en présence de matières dangereuses investit les lieux. C’est ce qui est arrivé au centre de service par la poste de Passeport Canada à Gatineau, juste avant les vacances.

À 9 h 30 le 19 décembre, une de nos membres a ouvert une enveloppe contenant de la poudre blanche. Des procédures d’urgence ont été mises en place. Après avoir mis les employés en quarantaine une partie de l’après-midi, l’équipe d’intervention en présence de matières dangereuses a jugé que la poudre était inoffensive et a autorisé nos membres à rentrer à la maison.

« Cela s’est déjà produit », a expliqué la présidente locale Rose Touhey.

Cette fois, on a prévu des précautions additionnelles (heureusement!), notamment l’isolement des employés dans l’établissement.

Toutefois, chaque situation d’urgence a ses contretemps. Dans le présent cas, des membres se sont retrouvés bloqués à l’extérieur durant une pause. On a fait venir un autobus public comme abri pour les protéger contre le froid.

Le risque d’exposition à l’agent de la maladie du charbon (ou anthrax) doit être pris très au sérieux. Une semaine à peine après les attentats terroristes du 11 septembre, des lettres à l’anthrax ont commencé à circuler. En 2001, ces lettres ont tué cinq personnes; deux d’entre elles étaient des employés des postes. De nombreuses autres ont été touchées, notamment des fonctionnaires travaillant au Sénat des États-Unis.

De notre côté de la frontière, la première « lettre à l’anthrax » a été livrée en janvier 2001 à un bureau de Citoyenneté et Immigration Canada, à Ottawa. Même s’il s’agissait d’un canular, la lettre a néanmoins entraîné la fermeture d’un édifice gouvernemental au grand complet.

La même année, Postes Canada a signalé 277 cas de panique à l’anthrax. Dans la première moitié d’octobre 2001 seulement, le FBI est intervenu dans le cadre de plus de 2 300 incidents du genre, selon Robert Mueller, directeur du FBI à l’époque.

Bien que la plupart de ces incidents se soient révélés des canulars, il faut traiter avec la plus grande prudence chaque cas où une personne aurait pu être en contact avec une menace biologique. Une lettre contenant à peine un dixième de gramme d’anthrax peut disséminer de 15 à 320 fois la dose mortelle de spores à l’ouverture de l’enveloppe. Un gramme peut répandre jusqu’à 2 680 fois la dose mortelle.

Étant donné le niveau de stress élevé, la respiration accélérée peut faire doubler ou tripler ces chiffres.

Le canular du mois dernier nous rappelle à quel point on n’est jamais trop bien préparé.

« La bonne nouvelle, c’est que nous allons élaborer une procédure améliorée », a expliqué Rose Touhey.

L’incident sera le sujet de la prochaine réunion de santé et de sécurité.

« Tout cela nous montre que, peu importe si nous sommes cols bleus ou cols blancs, nous sommes tous confrontés à des menaces en milieu de travail, a déclaré Doug Marshall, président national. C’est un rappel afin que nous soyons préparés et vigilants. »

« Je crois également que Rose Touhey et Karl Lafrenière ont traité cette situation inhabituelle avec beaucoup de professionnalisme, a ajouté Doug Marshall. Chapeau à tous les deux! »