Le brouillard se dissipe enfin

Plus tôt ce mois-ci, le Centre canadien de politiques alternatives a publié un rapport faisant état des répercussions des récentes compressions sur la prestation de services. Le gouvernement conservateur prétend que les répercussions des compressions budgétaires passeront inaperçues auprès du Canadien moyen, mais, selon le rapport – et nos observations, il n’en est rien.

Le président national, Doug Marshall, a déclaré que le syndicat a tout de suite su que ces compressions auraient des répercussions spectaculaires sur les services publics. D’autant plus que les compressions budgétaires de 2012 s’ajoutent aux restrictions contenues dans les budgets ministériels depuis 2009.

« Premièrement, les conservateurs s’entêtent à dire qu’il ne s’agit que de compressions touchant les systèmes administratifs, déclare M. Marshall. Eh bien, lorsque vous coupez le soutien administratif dont bénéficient les travailleurs qui offrent des services directs, cela réduit inévitablement leur capacité à offrir ces importants services aux Canadiens. »

« En plus de faire leur travail, ils doivent faire celui des autres. »

Cependant, ce rapport révèle clairement que la majorité des compressions ont effectivement des répercussions sur les programmes – ces compressions touchent directement les Canadiens.

Dans son rapport, David MacDonald, un économiste principal au CCPA, nomme les cinq grands ministères les plus touchés par les compressions proportionnelles. Parmi ces cinq ministères, trois emploient des travailleurs représentés par le Syndicat des employées et employés nationaux : Statistique Canada, Ressources humaines et Développement des compétences Canada et Affaires autochtones et Développement du Nord Canada.

Le Syndicat des employées et employés nationaux peut citer de nombreux exemples de programmes directement touchés par ces compressions.

« Par exemple, dans la région de l’Atlantique, deux personnes d’AADNC étaient responsables de l’inspection de la qualité de l’eau dans les réserves des Premières nations, maintenant, il ne reste qu’un seul inspecteur, s’indigne M. Marshall. »

De plus, à AADNC, les réductions touchant le soutien administratif ont mis beaucoup de pression sur les travailleurs qui ont conservé leur emploi. Il y a des agents des services de financement, qui font la liaison avec les représentants élus des Premières nations, qui travaillent sans soutien administratif.

Selon une évaluation des risques organisationnels réalisée en juin 2009 par AADNC, les agents des services de financement se perçoivent comme des travailleurs de première ligne du ministère. Ces agents ont pour responsabilité, notamment, d’entretenir des relations avec les collectivités des Premières nations, qui les perçoivent souvent comme leur représentant à Ottawa1.

À RHDCC, où nous représentons les agents des affaires du travail, il suffit de jeter un coup d’œil au démantèlement du programme de protection contre les incendies pour voir que ces compressions ne touchent pas qu’un peu les Canadiens : elles mettent leur vie en danger.

« On parle de personnes qui font l’inspection d’établissements fédéraux dans tout le Canada ainsi que d’édifices communautaires sur les réserves des Premières nations, explique M. Marshall. Nous craignons que la sécurité-incendie soit déléguée à chaque ministère. Nous sommes inquiets puisque l’autorèglementation ne fonctionne pas – surtout lorsque l’on parle de la santé et sécurité en milieu de travail.  »

Enfin, les répercussions sur Statistique Canada sont probablement les plus évidentes. Selon le rapport, Statistique Canada est en tête de liste;  en effet, on prévoit une baisse de 35 % de ses employés à temps plein entre 2012 et 2016.

« Ils réalisent tout simplement moins de sondages, fait remarquer M. Marshall. Les Canadiens n’ont pas accès à certaines données très importantes. On parle ici de données qui peuvent aider le gouvernement à tous les niveaux à mieux adapter leurs services aux Canadiens et qui peuvent aider le monde des affaires à mieux comprendre leur marché ».

Le Centre canadien de politiques alternatives croit que, d’ici mars 2016, au total, 28 700 emplois auront été éliminés. On s’attend à ce que la fonction publique diminue baisse de 8 %, presque deux fois plus que ce que le gouvernement avait prévu dans son budget 2012.

« C’est le genre de renseignements qu’on voulait que le gouvernement Harper nous donne. C’est quand même étrange que les éclaircissements viennent d’un organisme sans but lucratif », conclut M. Marshall.


[1] Valeurs et éthique : Une évaluation des risques (2009). Affaires indiennes et du Nord Canada.