Un produit de l’histoire des Noir·e·s

17 février 2022

Nous devons reconnaître que l’histoire des Noir·e·s est inextricablement liée à l’histoire du monde. Elle n’est peut-être pas représentée fidèlement dans les livres d’histoire, mais elle se reflète et se reflétera toujours dans notre culture, notre vie quotidienne et notre perception du monde. Nos expériences ont façonné notre passé et continueront à façonner notre avenir. Cependant, le succès de notre avenir dépend de notre capacité de nous défaire des liens du passé.

Ma servitude a commencé quand j’étais un petit garçon en troisième année. Dans la première leçon d’histoire de ma vie, la première ligne de notre manuel d’histoire disait : « En 1652, l’homme blanc a apporté la civilisation en Afrique du Sud…. ». C’est ainsi qu’a commencé mon endoctrinement. Une leçon d’histoire lue par un professeur qui n’était pas blanc, à partir d’un livre écrit par un historien blanc, dans une classe remplie de jeunes esprits impressionnables qui n’étaient pas blancs.

Après ce cours, je me souviens avoir pensé que nous devions être reconnaissants à l’homme blanc de nous avoir épargné une vie non civilisée dans la jungle. Je pensais que les Blancs étaient la race supérieure et que nous devions être soumis et les respecter pour ce qu’ils nous avaient donné. J’ai gardé cette mentalité pendant les dix années suivantes, jusqu’à ce que j’aie l’occasion de voyager à l’étranger et que, à l’adolescence, j’interagisse avec des Blanches et Blancs pour la première fois de ma vie. J’ai alors compris qu’elles/ils n’étaient pas des êtres humains supérieur·e·s. Tout comme nous, elles/ils étaient également ignorant·e·s de notre culture, de notre mode de vie et, surtout, de notre niveau d’intelligence et elles/ils ne nous comprenaient pas. Quand nous avons appris à nous connaître vraiment, le nuage d’ignorance qui nous liait dans la haine a commencé à se dissiper. À mon retour en Afrique du Sud, cette expérience éclairante m’a incité à m’engager activement dans le mouvement étudiant contre l’Apartheid. Pour moi, il était important de faire prendre conscience à tout le monde qu’en fin de compte, nous sommes toutes et tous un seul peuple. Il n’y a pas de race inférieure sur cette planète. Nous voulons tous être accepté·e·s sur un même pied d’égalité et être traité·e·s avec respect.

Quelques années plus tard, lorsque je suis retourné vivre au Canada, j’ai continué à sensibiliser les Canadien·ne·s aux souffrances endurées par les gens dans d’autres parties du monde et à leur dire combien nous devrions toutes et tous être reconnaissant·e·s de vivre dans un pays doté d’une « Charte des droits et libertés », où nous sommes toutes et tous égales et égaux devant la loi.

Cependant, plus je passais de temps dans le pays et plus je prenais part à la société canadienne, plus je me rendais compte que certains groupes de la société étaient traités plus équitablement que d’autres. C’est ainsi qu’a débuté ma mission au Canada, qui consiste à lutter contre la discrimination à chaque fois et partout où je la rencontre. L’éducation a constitué une grande partie de cette mission. Lorsque j’étais confronté à un comportement discriminatoire, je prenais le temps de faire comprendre aux gens pourquoi ce comportement était offensant. J’ai animé des ateliers et prononcé des discours devant des élèves du secondaire, dans lesquels j’expliquais les horreurs du génocide, de l’Apartheid et de l’esclavage. Je pense que plus tôt nous sensibilisons les gens à l’indignité et aux souffrances endurées par les personnes opprimées au sein de notre société, plus il est facile de promouvoir la tolérance et la compréhension à long terme.

Aujourd’hui, le monde dans lequel nous vivons est bien meilleur que celui dans lequel vivaient nos ancêtres. Nous le devons aux sacrifices qu’elles/ils ont faits pour que leurs descendant·e·s ne connaissent pas les mêmes souffrances qu’elles/eux. C’est pourquoi je suis prêt à faire les sacrifices nécessaires pour que notre prochaine génération soit confrontée à moins de haine, de discrimination, de sectarisme, de racisme et de harcèlement que ce que nous avons connu. Ensemble, nous pouvons faire de notre monde un endroit meilleur pour toutes et tous.

Le 10 février 1990, Nelson Mandela a appris qu’il allait être libéré de prison. Il a prononcé devant sa maison de Soweto une phrase très célèbre : « Alors que je franchissais la porte vers la porte qui mènerait à ma liberté, je savais que si je n’abandonnais pas mon amertume et ma haine, je serais toujours en prison. »

« Utilisez le langage de l’amour et désapprenez celui de la haine et du mépris » – Baba

Sam Padayachee
Représentant national de l’équité pour les membres racialisé·e·s du SEN