Journée internationale de la jeunesse – le 12 août

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Si vous me connaissiez un peu, vous n’auriez jamais pensé que je serais active dans le syndicat. Lorsque j’ai commencé à travailler, j’étais jeune et naïve et je ne connaissais rien au mouvement ouvrier. Tout ce que je savais à ce sujet, c’était que mes parents faisaient partie de syndicats et qu’ils avaient fait la grève quelques fois.

MAIS POURQUOI?

Pourquoi choisirions-nous de cesser d’être payés? Cela nous a empêchés de faire ce fantastique voyage le long de la côte de l’Oregon, lorsque j’avais 11 ans, parce que la grève signifiait que nous ne dépensions pas d’argent; pas de balades en voiture pour aller à la plage, pas de volleyball dans le sable, pas de cornets de crème glacée à l’érable et aux noix. Quand j’ai commencé à travailler pour le gouvernement, je me suis dit que je me tiendrais loin de l’activité syndicale. Les membres sont si prompts à se mettre en colère et à sortir de leurs gonds; je ne voyais pas pourquoi il y avait autant d’agitation. Nous avons tout ce que nous pourrions souhaiter ou dont nous aurions besoin dans notre milieu de travail. J’étais loin de me douter que, si nous ne nous battions pas pour ce que nous avions et pour d’autres choses, je serais peut-être privée de la côte de l’Oregon de nombreuses fois plutôt qu’une.

Je suis allée — un peu malgré moi — à ma première assemblée générale annuelle de la section locale au printemps de 2009. Je n’y suis allée que parce que j’étais sociable et que je voulais y assister avec mon ami. Je me disais que nous allions peut-être nous rapprocher après cela. Mais j’ai participé — à mon tout premier événement syndical — et j’ai été élue trésorière. Je me suis jointe à la section locale pour des raisons égoïstes : je venais d’obtenir mon diplôme universitaire et je voulais continuer de faire travailler ma matière grise, et je me suis dit que cela pourrait bien paraître sur mon curriculum vitae.

Nous sommes le 6 décembre 2009; j’ai 23 ans ce jour-là. Je suis l’une des trois jeunes travailleuses à la conférence régionale de l’élément national en Colombie-Britannique/au Yukon. Lors du Congrès triennal de 2008 de l’élément national, une résolution a été adoptée pour que deux jeunes travailleurs de chaque région assistent au Congrès triennal de 2011 et à chaque congrès subséquent. Nous n’étions que trois : une d’entre nous voulait y aller, mais elle ne croyait pas qu’elle travaillerait pour le gouvernement encore longtemps. Une autre voulait y aller, mais seulement si son mandat était prolongé, parce qu’elle était une employée nommée pour une période déterminée. Puis, il y avait moi. Je me disais : « Que vais-je faire ce soir-là pour mon 23e anniversaire? »

J’étais nommée pour une période indéterminée, alors, pour mes pairs, il était on ne peut plus logique que j’obtienne un des sièges. De retour à la maison, je me sentais terriblement mal : ces deux jeunes femmes désiraient ardemment participer à ces événements, et elles avaient gentiment accepté de me laisser un des sièges. En août 2011, j’étais la seule des trois jeunes travailleurs à me rendre au congrès. Je savais que j’allais devoir être la voix des jeunes travailleuses et travailleurs de la Colombie-Britannique/du Yukon et apporter l’enthousiasme que les deux autres travailleuses avaient affiché en 2009. Dans un sens, je voulais qu’elles soient fières de m’avoir donné leur confiance en vue du congrès.

Sept ans plus tard, je suis présidente de cette même section locale et deuxième vice-présidente régionale adjointe de la Colombie-Britannique/du Yukon du Syndicat des employées et employés nationaux (SEN). Des choses ont changé depuis l’époque où cette recrue de 23 ans a assisté à une conférence syndicale. Je ne peux pas croire qu’elle et moi sommes la même fille. Est-ce que mes idées préconçues au sujet du syndicat étaient erronées? Oui! Ma participation m’a enseigné tellement de choses importantes au sujet du mouvement ouvrier et des droits des employés. La plus grande leçon, c’est que nous ne nous battons pas seulement pour nous-mêmes : nous luttons pour l’ensemble des travailleuses et des travailleurs. Je ne pourrais être plus fière de contribuer aux activités d’un syndicat qui a fait de si grands pas dans la bonne direction et qui continue de le faire.

En tant que jeune travailleuse et jeune adulte, je pense que notre voix est plus forte que jamais. Nos militants les plus âgés nous ont tendu la main pour aider à nous guider dans la bonne direction en communiquant des connaissances et des conseils. Je me réjouis et suis fière que le SEN ait été un pionnier dans le mouvement des jeunes travailleuses et travailleurs. Lors du Congrès de 2011, notre caucus était composé de six jeunes travailleurs. Nous étions tous nouveaux et ne savions pas trop quoi faire de notre temps. L’an dernier, notre caucus était composé de plus de 30 jeunes travailleurs, et six autres d’entre nous agissaient à titre de modérateurs. Il est connu que les jeunes travailleurs sont timides lorsque vient le temps de participer, mais le SEN nous a aidés à faire entendre notre voix et à grandir en tant que militants. Les médias sociaux ont aussi permis aux jeunes de faire entendre leur voix. C’est la nouvelle façon de prendre la parole. Les médias sociaux permettent un certain anonymat, et cela encourage les personnes à exprimer leurs opinions et leurs pensées sans crainte de représailles. Je sais maintenant que nous n’avons PAS tout ce que nous pourrions souhaiter dans notre milieu de travail. Nous avons toujours des travailleurs économiquement faibles. Nous devons parler en leur nom ainsi qu’en notre nom.

Cette année marque la quatrième année de discussions du gouvernement et de son projet de loi antisyndical, le projet de loi C-377. Les syndicats sont déjà réglementés et tenus de rendre des comptes à leurs membres. Le projet de loi C-59 vise à « équilibrer le budget » au moyen de modifications des dispositions relatives aux congés de maladie des fonctionnaires fédéraux. En plus d’avoir des répercussions négatives sur les fonctionnaires, ce projet de loi pourrait aussi devenir la norme pour les secteurs public et privé. Nous ne voulons pas que nos acquis nous soient retirés. Alors, merci de me faciliter la décision de rester active dans le syndicat. Merci de m’inspirer à faire participer d’autres personnes à notre message. Merci de nous permettre de nous tenir debout et de façon solidaire à l’égard d’un but commun.

La dernière chose que je souhaitais faire, c’était de m’engager dans le syndicat, mais je suis si heureuse de l’avoir fait.

Daphne Ho est vice-présidente régionale adjointe du SEN pour la région de la Colombie-Britannique et du Yukon