18 mai – Journée internationale des musées.

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Le 18 mai est la Journée internationale des musées. Vous pourriez donc planifier une visite à un musée près de chez vous cette fin de semaine! Notre pays regroupe des musées prodigieux, et pour un grand nombre de nos membres, ces musées sont également leur lieu de travail!

Toutefois, nos musées ne sont pas à l’abri des compressions budgétaires effectuées au nom des mesures d’austérité. Les membres qui travaillent dans ce secteur doivent relever des défis uniques.

« La plupart des personnes travaillant dans les musées, les galeries et les archives préféreraient de loin être subordonnées à des organismes de financement libres de tout lien de dépendance », déclare Terry Quinlan, professeur au département de conservation du Collège Algonquin, à Ottawa. Le Collège offre le plus ancien programme de formation muséologique au Canada, qui remonte à 40 ans.

Nos musées nationaux ont pour tâche, ô combien importante, de recueillir, de documenter, d’interpréter et de préserver les objets d’une importance culturelle – des objets qui nous appartiennent tous, collectivement. Pendant ce temps, le gouvernement fédéral a l’obligation légale, en vertu de la Loi sur les musées, de fournir à ces institutions les moyens d’accomplir leur travail.

« C’est là une exigence essentielle et fondamentale des institutions publiques : le gouvernement fédéral doit leur allouer les fonds pour la réalisation de leur mandat. »

De plus en plus, toutefois, les musées côtoient des sociétés afin de s’acquitter de leurs obligations fiduciaires. M. Quinlan souligne la commandite de un million de dollars de Barrick Gold pour le Musée canadien de la nature qui illustre cette tendance de façon troublante. Il estime que l’influence grandissante des sociétés est « menaçante ».

Or, en dépit de la nouvelle source de financement, l’ampleur des réductions de coûts dans les musées et les lieux historiques nationaux demeure inquiétante.

« Partout au pays, nous avons observé des réductions draconiennes, explique M. Quinlan. À Parcs Canada, entre autres, nombreux sont ceux qui ignorent que l’organisme avait des centres de service d’un bout à l’autre du pays qui s’occupaient de nos artefacts culturels collectifs provenant de l’ensemble de nos lieux historiques nationaux. »

Le gouvernement les a fermés; une seule installation existe encore à Ottawa. Selon Terry Quinlan, même les activités de cette installation ont été revues à la baisse. Alors qu’elle disposait de 20 conservateurs, il n’en resterait plus que sept!

Tandis que, du côté de la préservation, on accuse le coup, il en va de même de la capacité de ces institutions de mobiliser et d’éduquer les visiteurs. Malheureusement, 26 lieux historiques ont perdu les interprètes du patrimoine qui donnaient vie à l’histoire, qui rendaient l’apprentissage plus attrayant. Sur la liste de 2012 des lieux historiques nationaux de Parcs Canada qui passent au mode auto-interprétation, la maison Laurier vient en douzième place.

« Nous sommes partenaires de la maison Laurier depuis 15 ans, précise le professeur du département de conservation. J’ai vu les employés se faire anéantir avec un certain acharnement au cours des six dernières années. C’est un lieu exceptionnel, riche d’interprétation, avec une multitude de connaissances à transmettre au public, et on a complètement réduit ses ressources! »

Le professeur Quinlan mentionne qu’on incite les visiteurs à explorer le lieu à l’aide d’une application.

« C’est tout à fait étrange, ajoute-t-il. Je pense que certains ministères et organismes fédéraux adoptent promptement la technologie et, parce que c’est une façon moins chère de faire les choses, donnent à penser que c’est une meilleure façon de faire. »

« Je ne suis pas d’accord. Attendez de voir dans cinq ans. »

D’ailleurs, si vous ne pouvez pas faire participer les gens au moyen d’Internet, vous devez les attirer. Terry Quinlan affirme que de nombreux musées ont recours à des initiatives novatrices pour rejoindre les gens en dehors de leur public type.

« Un des plus grands défis – et beaucoup d’institutions s’évertuent maintenant à le faire – consiste à intéresser la population appartenant à la tranche d’âge intermédiaire, indique-t-il. Les 20 à 35 ans – on s’efforce de les inciter à découvrir leur passé culturel collectif. Pour ce faire, les institutions se tournent vers la technologie moderne; elles essaient des approches innovatrices. »

À son avis, la série Nature Nocturne du Musée canadien de la nature est un excellent exemple des efforts déployés pour atteindre les membres de ce groupe d’âge. Le Musée n’hésite pas à décrire ses activités de fin de soirée comme une chance pour les adultes de s’amuser et de profiter du musée, à leur convenance. Il est possible de visiter toutes les galeries et, en plus, il y a de la musique, de la nourriture, des boissons… et une piste de danse!

« Le Musée royal de l’Ontario offre une expérience similaire, ajoute M. Quinlan. Qui peut prévoir le succès de telles tentatives? Et ce n’est qu’un début… »

« C’est formidable! Je pense que, si vous essayez de rester une institution du passé, vous ne survivrez pas. C’est tout simplement impossible. »