Par Alisha Kang
Avant que je parle ou que j’écrive, vous pouvez me voir tenir les blagues à tabac que m’ont offertes les Aînés et que je porte autour du cou. Je prie : « Grand Esprit et ancêtres, aidez-moi à toujours chercher et à dire ou écrire la vérité, ou faites qu’un autre porteur de vérité corrige mon ignorance afin que nous puissions tous vivre dans une communauté honnête. »
En tant que femme noire autochtone, dont les ancêtres ont été réduits en esclavage par la sanction royale des Européens, cela signifie…
Que les mains de la monarchie sont tachées du sang de mes ancêtres. Cela signifie que la famille royale a dû approuver la liberté de mes ancêtres. Cela signifie que les Français et les Britanniques ont bénéficié de notre asservissement.
Les siècles d’esclavage sont la raison pour laquelle mes ancêtres africains sont constitués de personnes d’origine nigériane, ghanéenne, libérienne, sierra-léonaise, sénégambienne, guinéenne, congolaise et angolaise – des personnes volées emmenées sur des terres volées. En tant que reproducteurs, les plus forts ont été contraints à en faire plus.
Voici en quoi consistait la sanction royale : tous les enfants de moins de six ans ont été libérés en 1834, mais d’autres ont été retenus pendant quatre à six ans comme apprentis. Les habitants des Caraïbes britanniques ont finalement obtenu leur liberté à minuit le 31 juillet 1838, soit deux ans avant certains se trouvant au Canada. Le Canada aime minimiser sa responsabilité dans l’esclavage.
Cela signifie qu’au Canada, les esclaves auraient pu rester dans cette même condition jusqu’en 1840. L’histoire dépeint ceux qui font du mal comme des héros, même si ce n’est pas tout à fait vrai. Je ne soutiendrai pas leurs histoires fantastiques. Nous ne pouvons pas faire face à la vérité si nous continuons de répéter des mensonges.
Le gouvernement britannique a débloqué vingt millions de livres anglaises (20 000 000 £) pour payer les dommages subis par les propriétaires d’esclaves enregistrés, mais aucune somme n’a été envoyée aux propriétaires d’esclaves en Amérique du Nord britannique.
Pas un seul cent n’a jamais été versé à aucune génération d’ancêtres en dommages et intérêts ou en paiement pour le labeur (travail) des esclaves.
Ainsi, bien que je commémore le Jour de l’émancipation, je comprends aussi que c’est un jour pour marquer le moment où les Canadiens d’origine européenne ont décidé qu’ils ne devaient plus posséder de personnes d’origine autochtone et africaine.
Un jour pour me rappeler de ne jamais exploiter les autres.
Ne jamais me convaincre que la fin justifie les moyens.
Je ne poursuivrai certainement jamais les idéaux mêmes qui ont opprimé mes ancêtres.
Je réaffirme mon engagement à démanteler le système des oppresseurs et à déconstruire leurs mensonges.