Auteur : Sam Padayachee
Si le Canada est reconnu pour ses beautés naturelles et la richesse de ses ressources, il n’en est pas moins aux prises avec une crise cachée : l’incapacité de fournir de l’eau potable à certaines collectivités rurales et autochtones est une tache sur la réputation mondiale du pays en matière de droits de la personne et d’égalité.
Ironiquement, pour un pays qui compte le plus grand nombre de lacs d’eau douce au monde, la réalité, à savoir que de nombreux peuples autochtones n’ont pas accès à ce produit de première nécessité, est plus que troublante. Ces collectivités connaissent régulièrement des avis d’ébullition de l’eau. Ceux-ci peuvent durer pendant des mois, voire des années, devenant des éléments de la vie quotidienne qui mettent en évidence les inégalités systémiques.
L’absence d’eau potable présente non seulement un inconvénient, mais aussi un grave risque pour la santé. Cela perpétue les disparités socioéconomiques, empêchant les enfants d’apprendre et les adultes de travailler. De plus, l’accès indifférent à l’eau reflète une tendance historique de négligence et de promesses non tenues, ce qui nuit continuellement à la confiance entre les collectivités autochtones et le gouvernement canadien.
Certains pourraient faire valoir que les défis géographiques des régions éloignées contribuent au problème. Toutefois, bien que ces défis soient indéniables, ils ne devraient pas poser problème pour un pays possédant la richesse et les ressources technologiques du Canada. Le gouvernement fédéral a effectivement pris des engagements, mais le rythme des progrès est tristement lent, souvent retardé par les tracasseries administratives et les contraintes budgétaires, les ressources paraissant insuffisantes par rapport à la rapidité de la réponse aux besoins d’infrastructure urbaine.
Cela non seulement porte atteinte aux droits des Autochtones, mais jette également une ombre sur l’engagement du Canada à l’égard des objectifs de développement durable des Nations Unies, https://www.undp.org/fr/sustainable-development-goals, tout particulièrement l’objectif 6, qui assure la disponibilité et la gestion durable de l’eau et l’assainissement pour tous.
Alors que le changement climatique menace les réserves d’eau par la contamination et l’imprévisibilité de l’approvisionnement, la réponse lacunaire du gouvernement met en péril non seulement les générations actuelles, mais aussi les générations futures des peuples autochtones. Il s’agit d’un exemple flagrant d’injustice environnementale, où les populations les plus vulnérables supportent les risques écologiques les plus importants sans gains ni protection comparables.
Une approche à multiples facettes est essentielle. Les investissements dans les infrastructures doivent augmenter de façon spectaculaire. Mais au-delà des aspects tangibles, un changement de paradigme dans les attitudes gouvernementales doit se produire. Il s’agit non pas simplement d’une question d’infrastructure; il s’agit d’autonomie, de respect et, en fin de compte, d’honorer les droits issus de traités. Les collectivités autochtones doivent être considérées comme des partenaires dans l’élaboration de solutions, et il convient de veiller à ce que ces solutions soient adaptées sur le plan culturel et économiquement viables.
Il est également essentiel que le Canada s’engage à respecter un échéancier clair pour régler ces crises de l’eau. L’établissement et le respect de délais stricts signaleraient que le gouvernement reconnaît l’urgence de la question et qu’il est déterminé à la régler.
Pour un pays qui s’enorgueillit de sa diversité et de son inclusion, l’incapacité du Canada de fournir de l’eau potable à tous ses habitants est une contradiction qui nécessite une attention immédiate et vigoureuse. Il s’agit d’une question de droits de la personne, et les actions du gouvernement témoigneront désormais de son engagement à les faire respecter, non seulement en principe, mais aussi dans la pratique.
Remédier à cet échec n’est pas de la charité; c’est un acte de justice qui se fait attendre depuis longtemps. À l’heure où le monde entier regarde, il est essentiel que le Canada soit à la hauteur de son image en veillant à ce que chaque membre de sa société jouisse du droit fondamental à l’eau potable. Je crains qu’aujourd’hui, alors que tant de questions accaparent l’attention de notre pays, le défi de la résolution de l’insécurité de l’eau pour les collectivités autochtones ne soit encore plus relégué au second plan du programme public. Nous devons tous continuer de faire avancer ce dossier, car la résolution de l’injustice environnementale n’a pas perdu de son urgence pour les collectivités autochtones du Canada.
Sam Padayachee est le représentant régional aux droits de la personne pour l’Ontario du SEN.